INTERVIEW DU VICE-MAIRE DE LA COMMUNE DE PARAWOL

Diallo Mamadou Oury, premier vice-maire de la commune rurale de Parawol : « Nous avons un sérieux problème de transparence ici »

 

Acculées par la pauvreté, les populations de la commune rurale de Parawol se battent au quotidien pour la survie. Avec le reporter de Guineetribune, le premier vice-maire parle des problèmes qui assaillent sa circonscription. Interview.

 

Votre sous-préfecture est considérée comme la plus pauvre de Lélouma. Pourquoi cet état de fait?

 

Avant tout je voudrais vous exprimer mes souhaits de bienvenue dans notre localité. En vérité, tel que vous le dites, la commune rurale de Parawol est la moins développée par rapport aux autres sous-préfectures de Lélouma. Même si le pouvoir nous aide, il faut dire que nous avons besoin de plus d’appui. Notre commune ne dispose pas de sources de revenus. Nous n’avons pas de gare-voiture. Nous n’avons pas d’abattoir. Nous n’avons même pas de boucherie. Nous n’avons pas de marché. L’unique marché est en début de construction avec ce que vous voyez comme hangars. Nous n’avons aucune poche de recettes où la commune peut tirer profit. Nous n’avons même pas de carrière de granit ni de sable. Sans tout cela, nous ne pouvons avoir des ressources pour soutenir le fonctionnement de la commune. Telles sont nos difficultés. Nous nous battons pour assister notre communauté mais les ressources financières nous font défaut. Du côté de l’État, nous avons eu en 2019 une assistance de la part de l’ANAFIC pour la construction des bureaux de la commune et celle d’un hôpital dans le  district de Bonkon. Notre commune n’avait même pas de bureaux. La construction a  nécessité un financement de 1 milliard 250 millions de FG de la part de l’ANAFIC. Aujourd’hui la construction de ces deux infrastructures est terminée. Par ailleurs,  l’UNICEF nous appuie en matière d’éducation et de santé. Plan Guinée vient d’arriver également dans notre commune pour assister les jeunes afin de réduire l’exode rural et l’immigration clandestine vers l’Occident au prix de leur vie. Actuellement, Plan Guinée prend en charge une centaine de jeunes qui sont rémunérés. En retour, ces jeunes s’occupent du  reprofilage des routes fortement dégradées. Nous remercions l’État, l’UNICEF et Plan Guinée et leur demandons plus d’assistance.

 

Bien que les fonds d’appui au conseil municipal dont vous êtes le vice-maire n’existent presque pas, parlons de vos méthodes de gestion.

 

Je dirais que nous avons un sérieux problème de transparence ici. Quand la construction des bureaux de la commune et celle de l’hôpital de Bonkon ont été terminées, notre conseil communal a sollicité auprès du maire, du secrétaire général des collectivités décentralisées et du recevoir pour avoir le relevé des comptes bancaires où étaient domiciliés les 1,250 milliards. L’objectif était de savoir s’il en restait quelque chose afin que le reliquat soit réorienté vers d’autres objectifs. Jusqu’ici ils font montre d’un silence de cimetière. Par rapport aux différentes contributions de l’UNICEF, les conseillers ne savent rien de leur utilisation. Nous n’en savons rien. Tout ce qui arrive est discrètement géré par le trio. S’il y a de l’argent qui reste, d’un côté comme de l’autre, par exemple, nous aurions pu réorienter cela vers la finition de notre collège dont la construction est très poussée grâce aux cotisations consenties par les populations.

 

Donc vous pointez un doigt accusateur sur ce trio?

 

Le Maire, le receveur et le secrétaire général sont seuls responsables de la gestion au sein de notre commune. Malheureusement ils ne font aucun compte-rendu à nous aux autres conseillers. Quand un fonds arrive, nous pouvons être au courant puisqu’étant accompagné de documents. Mais l’utilisation pose problème, vu que les comptes sont gérés en catimini. Nous sommes élus par la population par confiance. Nous devons savoir ce qui se passe dans la cuisine interne. Tel est le problème au sein de notre conseil communal. Que ce soit le financement de l’ANAFIC ou ceux de l’UNICEF pour l’approvisionnement de notre hôpital en médicament et P

lan Guinée, nous devons savoir comment se passe la gestion. Nous voulons avoir les bilans annuels. Nous voulons avoir tous les relevés bancaires. Depuis notre installation le 18 octobre 2018, nous autres conseillers, nous nous battons pour cela. En vain. De plus, c’est à Parawol que l’on voit un receveur fabriquer le budget communal chez lui à domicile.  Un budget qui n’est jamais soumis au vote par le conseil communal. C’est grave. Plus grave encore, il n’y a aucun bilan de l’exécution de ce budget de surcroît élaboré en catimini. Actuellement, nous n’avons aucune idée des recettes et des dépenses. Ces trois personnes font ce qu’elles veulent.

 

Vous avez une forêt classée bien entretenue ici. Comment se passe sa préservation?

 

Nous avons deux garde-forestiers. La forêt est entretenue par les jeunes de la commune. Ils y vont souvent pour nettoyer et reboiser. Du coup la pluviométrie a augmenté cette année. Dans cette forêt classée, il y a toutes sortes d’animaux propres à la faune de la région. La chasse et la coupe du bois sont formellement interdites.

 

Avez-vous un message à lancer à l’endroit des autorités guinéennes…

 

Je lance un appel au gouvernement guinéen afin de continuer à appuyer notre commune, la plus pauvre de toutes les CR de Lélouma et pour pallier nos difficultés. Dans l’éducation, nous avons aussi d’énormes difficultés. Ici ce sont les parents d’élèves, malgré leur indigence, qui payent les enseignants pour l’éducation de leurs enfants. Il n’y a que des contractuels chez nous, tous payés mensuellement par les parents d’élèves. Nous n’avons aucun policier, aucun gendarme ni militaire dans toute la sous-préfecture. Aucun poste de police ni de gendarmerie. Nous implorons les autorités à tous les niveaux pour développer chez nous les secteurs de l’éducation, de la santé et de la sécurité, bref pour venir au secours d’une sous-préfecture plongée  dans une misère insoutenable. J’envoie un message à tous les ressortissants afin que l’on s’entraide pour sortir notre localité de la pauvreté. Ils nous ont placés là par confiance. Nous sommes donc à leur disposition. Nous remercions enfin l’ANAFIC, l’UNICEF, Plan Guinée, tous les organismes et ONG qui évoluent à Parawol.

 

 

De notre envoyé spécial à Lélouma, Sambegou Diallo

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