Des carrières de mines à la plantation, ABDOULAYE ARIBOT, l’agro-industriel qui se fraie un chemin dans l’Agrobusiness

Aujourd’hui à la tête d’une PME, qui a grandit, le SOAG « Société Agropastorale de Guinée ». Voici le parcours d’un atypique qui a cru en son étoile.

KAKILAMBE : Bonjour, Expliquez-nous comment avez-vous eu l’idée de créer cette entreprise. En d’autres termes, de quel constat êtes-vous partis pour ouvrir cette entreprise en Guinée ?

RÉPONSE : Merci pour cette interview. Je me nomme Abdoulaye ARIBOT. Je suis diplômé en ingénierie des Mines à l’institut supérieur des Mines et Géologie de Boké. J’ai toujours eu l’idée d’entreprendre depuis mon plus jeune âge. L’idée de créer cette entreprise est venue à la mauvaise  période, au moment où notre pays était confronté à l’épidémie à virus Ebola. Au moment où les entreprises minières ne recrutaient plus. C’était ma première fois d’être confronté au chômage depuis la fin de ma  formation  académique. Et comme j’étais déjà un passionné de l’agriculture pendant que je  travail dans les mines, alors je me suis dit : « Certes Ebola est un mal, mais je peux transformer cela en une opportunité en réalisant ce que j’avais réservé pour mon vieux jour ».

C’est ainsi que l’idée de création de la « Société Agropastorale de Guinée » Abrégé SOAG-SARLU m’est venue à l’idée. 

KAKILAMBE : Quels sont vos domaines d’interventions ?

RÉPONSE : Nos domaines d’interventions sont:

  • L’Agroalimentaire – Transformation des produits saisonniers en jus naturel : comme les Gingembres, tamarins, bissaps, ananas, mangues, etc…
  • Aménagement des plantations pour les particuliers (comme l’Anacardiers, le palmier…)
  • Prestations sur des plantations, avec partage d’intérêt.
  • Recherche des terres agricoles pour les étrangers qui veulent investir en guinée,
  • Cartographies agricoles et aménagement agricole
  • Productions des Ananas, Gingembres, piments et aubergines, et les anacardiers.

KAKILAMBE : Beaucoup d’entreprises, de PME ont jetées la clé sous la porte. Vous, qu’est –ce qui vous retient encore ? Comment avez-vous réussi à vous imposer dans le monde de l’entreprenariat ?

RÉPONSE :( Sic !)  ! Le monde de l’entreprenariat n’est pas un monde rose, dans lequel l’on arrive tout innocent et on demande gentiment des conseils, pour aller les appliquer et tout marche par la suite. NON ! Il s’agit d’un cercle fermé, où ceux qui y sont déjà ne veulent pas de nouveau venu, ils se partagent le magot entre eux. Donc si tu ne souhaites plus être du côté des simples consommateurs, mais plutôt des producteurs, créateur de richesse, alors tu dois arracher ton ticket d’entrée. Et cela à travers tes recherches personnelles, curiosités, voyages, observations, lectures, essais, échec temporaire, tâtonnement etc.

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Aribot Abdoulaye
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KAKILAMBE : Vous avez des partenaires nationaux ou étrangers qui vous appuient dans vos activités. Et comment se matérialisent vos collaborations avec vos partenaires ?

RÉPONSE : Oui ! Nous avons des partenaires guinéens et étrangers, surtout dans la Sous régions (Côte-D’ivoire, Burkina, Mali, Togo, Sénégal, Benin et Gambie). Et nous sommes membres des organisations agricoles dela sous région.

Nous collaborons dans le domaine de la formation, mais également dans la vente et l’achat des équipements agricoles. Avec échange d’informations, et beaucoup d’autres choses liées au monde de l’entreprenariat.

KAKILAMBE : Vos ambitions dans cinq (5) ans ?

RÉPONSE : Pour les cinq ans avenir nous voulons d’abords avoir :

  • Notre propre bâtiment qui servira d’usine, d’ailleurs que nous avons commencé du côté de Bantama.
  • Créer un réseautage de business agricole, dans les 4 régions de la Guinée.
  • Créer un « village agricole » à l’image des mines, avec des habitations pour les travailleurs agricoles, comme cela se fait au Congo.

Pour y arriver nous avons déjà cible la zone à Boffa, qui sera la première zone d’expérience sur une superficie de 54 ha. Un village où les conditions de vie seront meilleures et où l’agronome serait mieux traité. C’est une stratégie incitative aussi pour ramener plus de monde vers le monde rural de nos régions.

KAKILAMBE : Comment expliqué vous que vous participiez  au développement de ce pays ?

RÉPONSE : Le développement de toute nation passe par l’agriculture, surtout dans nos pays tropicaux ou le climat est clément et favorable. Avec notre initiative nous  sommes arrivés à :

  • une création des richesses au niveau des zones rurales.
  • assurer leurs formations par des techniques modernes dans l’agriculture.
  • créer de l’emploi de façon directe et indirecte. A titre illustratif, cette année, nous prévoyons de produire 10 ha à Forécariah et 2 ha à Nzérékoré, sur la transformation du jus de gingembre.

Du coté des emplois direct : du défrichage jusqu’au planting nous allons employer 10 journaliers par jours et par ha soit 120 personnes par jours sur les 12 ha. C’est un circuit qui est  renouvelable chaque (11) jours pour permettre à d’autres ouvriers de la localité à bénéficier de la retombée de nos activités. Et cette procédure sera plus intense quand  la période de récolte arrive.  Et cette tâche est plus octroyée aux femmes rurales qui en grande partie soutiennent la cellule familiale. Ceci est un exemple de nos activités parmi tant d’autres et de notre participation au développement de notre chère Guinée

KAKILAMBE : Les recrutements se font comment chez vous ? Les critères ? 

RÉPONSE : Nos recrutements se font par le biais des associations des jeunes sous la supervision des responsables communautaires.

Pour les postes stratégiques nous avons des spécialistes dans chaque domaine. Du juridique aux simples techniciens. Et nos critères de recrutement dans des domaines spécifiques sont basés sur les résultats d’essai, que nous confions à la personne. Vous savez dans le domaine agricole il y a des spécialistes qui n’ont jamais été à l’école mais qui ont plus de 20 ans d’expérience.Etvous avez des spécialistes sur papier qui depuis la fin de leur cursus universitaire n’ont jamais fait la pratique.

KAKILAME : Comment trouvez-vous la main d’œuvre guinéenne en termes de qualité et de coût financier ?

RÉPONSE :Comme je vous disais précédemment la plupart de nos activités sont dans les communautés villageoises. Dans le domaine de transformation agricole je ne vais pas vous mentir, notre pays a des ressources humaines compétentes. Il nous manque des équipements de travail et le financement. Si nous prenons un exemple au Burkina – Faso  là où j’ai été pour faire ma formation, en moins d’un mois  j’ai pu me lancer dans le domaine de la transformation.

Dans ce pays les universités sont équipées des usines de fabrication au sein des instituts, les étudiants sortent déjà opérationnels. Et sont équipées des machines de la nouvelle génération.

En termes de cout financier : la main d’œuvre guinéenne est très abordable. 

KAKILAMBE : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?

RÉPONSE : La plus grande difficulté rencontrée est d’abord  l’obtention des équipements de travail.Notre pays est en manques d’équipements permettant le développement de l’entreprenariat agricole surtout dans le secteur de la transformation des produits locaux en produits finis.

Le second problème rencontré est « le complexe guinéen » par rapport à la consommation locale.

Nous avons également un souci spécifique, il s’agit du problème de local pour abriter nos usines de transformations. Il nous a fallu du temps pour entreprendre nos propres locaux de transformations à Bantama, qui doit comporter un bâtiment pour les jus et le séchage des fruits.Cela nous permettra à l’avenir d’être autonome, et de diminuer nos charges fixes, notamment la location des locaux, qui asphyxient l’entreprise. Et je profite de l’occasion pour interpeler l’état et le gouvernement guinéen à soutenir les PME/PMI qui  jugulent un nombre important de chômeurs et d’ouvriers à la recherche d’emploi.

KAKILAMBE : Les taxes et les impôts que vous payez,ne vous rendent pas les choses faciles,  j’imagine sans soutien préalable de l’Etat ?

RÉPONSE : Bon ! Nous faisons avec les moyens dont nous disposons,les taxes et impôts sont une manière d’aider l’état à faire face à ses charges. Nous voudrions qu’au retour qu’il  aide les entreprises qui emploient à faire face au chômage des jeunes et nous permettre d’éviter les fraudes fiscales dont la plupart des PME/PMI sont coutumières.

KAKILAMBE : Quelle est votre vision de la Guinée dans la pratique de votre activité ?

RÉPONSE : Notre activité est un domaine récent, et actuellement beaucoup de guinéens sont arrivés dans le domaine d’agrobusiness. Mais pour notre cas spécifique le potentiel existe déjà qui sont les fruits saisonniers, les fruits périssent dans les marchés et ne demandent qu’à être valorisé.

KAKILAMBE : Avez-vous d’autres projets que vous comptez développer en Guinée                                                    

RÉPONSE : Oui déjà en ma qualité de minier nous venons de créer avec les amis promotionnaires, un cabinet d’étude minier, qui fait des prestations dans ce secteur.

Également nous venons d’avoir un partenariat avec Ecopaint, une entreprise Portugaise qui évolue dans le domaine des Energies renouvelables, que nous  sommes entrain de développer.

KAKILAMBE : Vous avez un mot sur le nouveau code d’investissement des entreprises en Guinée.

REPONSE : RAS

KAKILAMBE Êtes-vous une entreprise citoyenne qui s’acquitte correctement de ses devoirs ?

RÉPONSE :Je crois être dans la légalité

KAKILAMBE : Votre dernier mot ?

RÉPONSE : Merci de m’avoir accordé cette interview et j’encourage les jeunes Guinéens à se lancer dans le domaine d’entreprenariat.  Notre pays est encore vierge, nous avons des potentialités naturelles et humaines, il suffit d’être accompagné et d’avoir des idées d’entreprise.

Et je souhaite de bonnes choses à kakilambe.com, qui permet aussi de mettre en exergue des petites entreprises comme les nôtres.

Merci Monsieur.

 

 

 

 

 

 

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